Page:Legouvé - Le Mérite des femmes, 1838.djvu/41

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Opposant son pouvoir à leur inimitié,
Célébrer des humains la plus belle moitié.

Lorsqu’un Dieu, du chaos où dormaient tous les mondes,
Eut appelé les cieux, et la terre, et les ondes,
Eut élevé les monts, étendu les guérets,
De leurs panaches verts ombragé les forêts,
Et dans l’homme, enfanté par un plus grand miracle,
Eut fait le spectateur de ce nouveau spectacle,
Pour son dernier ouvrage il créa la beauté.
On sent qu’à ce chef-d’œuvre il doit s’être arrêté.
Eh ! qu’aurait fait de mieux sa suprême puissance ?
Ce front pur et céleste où rougit l’innocence,
Cette bouche, cet œil, qui troublent tous les cœurs,
L’une par un sourire, et l’autre par des pleurs ;
Ces cheveux se jouant en boucles ondoyantes,
Ce sein voluptueux, ces formes attrayantes,
Ce tissu transparent, dont un sang vif et pur
Court nuancer l’albâtre en longs filets d’azur ;
Tout commande l’amour, même l’idolâtrie.
Aussi, ne lui donnant que le ciel pour patrie,
Des peuples généreux virent dans la beauté
Un emblème vivant de la Divinité.
Dans les sons de sa voix ou propice ou funeste
Les Celtes entendaient la volonté céleste,
Et, prêtant à la femme un pouvoir plus qu’humain,