Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/129

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politiques. Il quitte la Sorbonne, il quitte sa chaire. Il devient député, il devient conseiller d’État, il devient pair de France, il devient ministre ! Il monte enfin !… Monta-t-il, en effet ? Il y a là un fait psychologique, bien curieux et que nous allons tâcher d’étudier.


IV

L’avènement de M. Villemain aux grandes fonctions politiques et aux luttes parlementaires, semblait la consécration naturelle de son talent, le couronnement de sa vie. Eh bien, c’en fut presque le découronnement. Sans doute sa position personnelle fut toujours considérable. Il resta un des hommes illustres de la France. N’importe ! Il ne retrouva pas sa première fleur de renommée. Il perdit en gloire ce qu’il gagna en honneurs. Il perdit en autorité ce qu’il gagna en pouvoir. Pourquoi ? Pourquoi ce professeur si éloquent ne fut-il qu’un orateur politique de second ordre ? Pourquoi ce modèle de l’esprit universitaire figura-t-il sans éclat à la tête de l’Université ? Que lui a-t-il manque ? Est-ce le talent, le sens pratique, l’intelligence des affaires, l’amour du bien ? Non ce qui lui a fait défaut, c’est la qualité qui seule nous permet de gouverner les hommes et de conduire les choses, c’est le caractère, et, dans le caractère, cette force spéciale que les phrénologues appellent la combativité, le goût de la lutte. M Villemain