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CHAPITRE X

MON PÈRE


J’ai à peine connu mon père, et jamais aucun père n’a été plus présent pour son fils que le mien ne l’a été pour moi. Dans mon enfance, mes grands parents, dont il avait été l’orgueil et la joie, m’entretenaient sans cesse de ses succès éclatants et de ses qualités charmantes ; on me mettait au courant de ses habitudes, de ses goûts, de son caractère ; il était mêlé à toutes nos conversations ; je le savais par cœur comme ses ouvrages.

A mon entrée dans la vie, je le trouvai à chaque pas comme un invisible ami. Il m’a tendu la main partout. Son nom fut mon premier protecteur. C’est son nom qui m’attira l’intérêt de Casimir Delavigne, c’est son nom qui me valut l’amitié de M. Lemercier, c’est son nom à qui je dus les sympathies de l’Académie. Dans le monde, à peine son nom prononcé, les regards se tournaient vers moi avec bienveillance. Je pouvais,