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CHAPITRE XII

L’ESCRIME


J’aime l’escrime, d’abord à titre de Français, parce que c’est un art national, un fruit du pays comme la conversation. Qu’est-ce que faire des armes ? c’est causer ! Car qu’est-ce que causer ? n’est-ce pas parer, riposter, attaquer, toucher surtout, si l’on peut, et Dieu sait qu’à ce jeu-là, la langue vaut bien le fleuret. Je parle du fleuret ; mais que dire de l’épée ? Les Allemands ont le sabre, les Espagnols le couteau, les Anglais le pistolet, les Américains le revolver, mais l’épée est l’arme française. Porter l’épée, tirer l’épée, sont deux mots que vous ne trouverez dans leur signification un peu crâne, que dans notre langue ; deux mots dont l’un exprime un droit de gentilhomme, l’autre un fait de galant homme, tous deux je ne sais quoi d’élégant, de chevaleresque, d’un peu vaniteux, qui peint un trait de notre caractère et se lie à nos traditions sociales. Je voudrais que notre démocratie