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Page:Leibniz-en.francais-Gerhardt.Math.1a7.djvu/3

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grand regret, tout le temps qu’il faut pour les méditations et pour l’entretien de leur commerce avec les savans ; et c’est aussi pour cela, que j’envie bien des fois l’heureux sort de vous autres, qui ne l’etés pas. Toutes fois ce n’est pas maintenant ce qui m’a empêché le plus de vous écrire : la principale cause de mon silence c’est que j’ay voulu attendre, que je puisse vous dire mon sentiment sur vos inventions, dont vous avés promis de nous regaler au mois de Juin. Cependant j’ay attendu inutilement, et il n’a rien paru de tel jusqu’icy dans les Actes. D’ou vient, Monsieur, que vous ne dégagés pas votre parole ? vous êtes-vous peutetre marié, pour me servir du bon mot de votre Anglois, que vous ne vous souvenes plus de ce que vous aves promis pendant vôtre célibat, en nous donnant cette science de L’infini, que vous nous avés fait esperer depuis plus de 10 ans, et dont vous m’avés réitéré la promesse, il n’y en a qu’un. Je yous confesse, qu’apres tout ce que vous m’en avés écrit, ce ne sont encore que mystères pour moy. Je ne comprends que fort peu de chose dans vos nombres triquarrés, quoy que je vous aye dit, que j’en trouve aisément une infinité : et pour vos quadratures planétaires, ’pour les combinaisons de tout l’univers renfermées dans un seul segment de cercles, je n’y vois rien du tout Ainsi je n’en diray rien ; car je n’ay pas le temps de déchiffrer des enigmes et peutetre M. Leibniz l’a encore moins. C’est à vous, à nous en donner la clef, si vous voules etre entendu. Il semble même, qu’il y va de votre honneur, de le faire au plutôt ; étant à craindre, (pie plusieurs ne traitent de vision des choses si extraordinaires et si bizarres. Qu’en penses-vous, s’il vous arrivoit de mourir, avant que d’avoir desabusé ces téméraires, qui auront pû concevoir de telles pensées ; asseurcment ils vous feraient passer pour un homme, qui a ù l’imagination un peu blessée. Ne tardez-dont plus, je vous prie, à vous en acquiter sans cesse, et n’apprehendes pas, que d’autres vous ravissent la gloire de vos inventions : étant impossible, que personne aille à ce point d’effronterie, que de s’attribuer une chose, qui aura déjà été rendue publique, et même promise dix ans auparavant par un autre. Pour moy, bien loin d’y prétendre aucune part, je seray des premiers à celebrer vos louanges. J’exepte un seul point, sur le quel je crois toujours etre votre adversaire. C’est lorsque vous accuses d’erreur tout ce qu’il y a ù de Geometres depuis Archimede, en condamnant toutes