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livre en mettra quelques uns dans ce train là quoi qu’il y en ait encore d’assez opiniatres pour pretendre que l’on peut tout faire par les methodes anciennes.

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XXXV.
Leibniz an de L’Hospital.
Hanover ce 15/25 Mars 1697      

Vous aurés receu, Monsieur, celle que je me suis donné l’honneur de vous écrire dernierement pour marquer que j’ay vû vostre solution du probleme de M. Jean Bernoulli qu’il n’a communiquée. Il y trouvoit quelque difficulté, mais il se repondoit luy même, et je l’y ay fortifié.

Je luy envoyay aussi mon sentiment sur le calcul de M. Sauveur, ou je trouvay effectivement de la penetration et du genie. Mais comme il n’a pas encor assez approfondi nos methodes, je ne m’etonnois point qu’il avoit pris le change. Outre qu’il avoit cherché tout une autre ligne, je trouvay deux defauts contre nostre methode infinitesimale, l’un qu’il faisoit des differences du second, l’autre qu’en cherchant le Moindre il ne faisoit pas un denombrement parfait de tous les cas parmy lesquels il faut choisir. Les points dont il ne choisit qu’un, tombent tous dans une même ligne droite. Je ne laisse pas de fort estimer M. Sauveur. Il me semble d’avoir là dans un vieux Journal des Sçavans qu’il avoit fait quelque chose sur la bassette que je souhaiterois de voir un jour aussi bien que s’il a donné quelque autre chose au public. Quand j’estois à Paris je connoissois un jeune homme de Lion, dont le P. des Chales m’avait donné la connoissance qui me parut tres avancé dans la geometrie profonde, et tres capable d’aller loin. Mais il quitta Paris et temoigna de vouloir songer à autre chose. De quoy je fus faché. Car un dessein estoit de la faire connoistre et j’aurois peut eslre reussi à son avantage. La main de M. Sauveur (que M. Bernoulli m’envoya) me parut approchante de celle de ce jeune homme de Lion. Neantmoins je ne crois point que ce fait le même. Et cependant j’oserois vous supplier, Monsieur, de luy temoigner dans l’occasion que ce que j’ay vû