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Leibniz an Lady Masham

et quoyque toutes les autres voyes, hormis une seule paroissent inintelli- gibles et inconcevables, cette seule voye n’en est point démonstrativement prouvée.

Pour y joindre mes remarques, suivant vos ordres, je diray (1) qu’il semble que c’est quelque chose de considérable qu’une hypothèse paroisse possible, quand toutes les autres ne le paroissent point, et (2) qu’il est extrêmement probable qu’une telle hypothèse est la véritable. Aussi a-t-on tousjours reconnu dans l’Astronomie et dans la Physique, que les hy¬ pothèses les plus intelligibles se sont trouvées véritables enfin : comme par exemple celle du mouvement de la terre, pour sauver les apparences des Astres, et celle de la pesanteur de l’air, pour rendre raison des pom- pes aspirantes et autres attractions qu’on attribuoit autresfois à la crainte du vuide.

De plus (3) puisque nostre Entendement vient de Dieu, et doit estre considéré comme un rayon de ce soleil, nous devons juger que ce qui est le plus conforme à nostre entendement (lorsqu’on procede par ordre, et comme la nature même de l’entendement le demande) est conforme avec la sagesse divine ; et que jugeant suivant cette methode, nous suivons les ordres que Dieu nous a donnés. Aussi avons nous tousjours trouvé (4) que nos jugemens, quand ils ont esté donnés suivant cette lumière natu- relle, pour ainsi dire, n’ont jamais esté dementis par l’evenement ; et les oppositions que les Sceptiques ont fait à l’encontre, ont tousjours esté pri- ses par les personnes raisonnables pour un jeu d’esprit.

Mais pour mieux venir au fait, (5) il est bon de considerer que les Voyes de Dieu sont de deux sortes, les unes naturelles, les autres extraordinaires ou miraculeuses. Celles qui sont naturelles, sont tous¬ jours telles qu’un esprit créé les pourroit concevoir s’il avoit les ouver¬ tures et les occasions qu’il faut pour cela ; mais les voyes miraculeuses passent tout esprit créé. Ainsi l’opération de l’aimant est naturelle, estant toute mécanique ou explicable, quoyque nous ne soyons pas encor en estat peutestre de l’expliquer parfaitement en detail, faute d’information : mais si quelcun pretendoit que l’aimant n’opere point mécaniquement et qu’il fait tout par une pure attraction de loin, sans moyen ou milieu, et sans instru- mens visibles ou invisibles, ce seroit une chose inexplicable à tout esprit créé, quelque penetrant ou informé qu’il pourroit estre ; et en un mot, ce seroit une chose miraculeuse. Or la raison et l'ordre même de la sa-