Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 3.djvu/632

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Quand j’etois jeune, je prenois quelque plaisir à PArt de Lulle ; mais je crûs y entrevoir bien des défectuosités, dont j’ay dit quelque chose dans un petit essai d’ecolier intitulé de Arte Combinatoria, publié Pan 4666, et qui a esté reimprimé par après malgré moy. Mais comme je ne méprisé rien facilement (excepté les arts divinatoires, qui ne sont que des tromperies toutes pures) j’ay trouvé quelque chose d’estimable encore dans Part de Lulle, et le Digestum Sapientiae du Pere Ives, Capucin, m’a fort plû, parce qu’il a aussi trouvé le moyen d’appliquer les généralités de Lulle à des particularités utiles. Mais il me semble que M. des Cartes est d’une toute autre profondeur. Cependant la Philosophie, quoyqu’elle ait avancé de beaucoup nos connoissances, a aussi ses défectuosités, qui ne sauroient maintenant vous etre inconnues. Quant à M. Gassendi, dont vous désirés de savoir mon sentiment, Monsieur, je le trouve dfun savoir grand et étendu, très versé dans la lecture des anciens, dans l’histoire profane et ecclesiastique, et en tout genre d’érudition ; mais ses méditations me contentent moins à présent qu’elles ne faisoient quand je commençois à quitter les sentimens de l’Ëcole, écolier encore moy même. Comme la Doctrine des Atomes satisfait à l’imagination, je donnay fort là dedans, et le vuidc de Democrite ou d’Epicure, joint aux corpuscules indomptables de ces deux auteurs, me paroissoit lever toutes les difficultés. 11 est vray que cette hypothèse peut contenter des simples physiciens, et supposant qu’il y a des tels Atomes, et leur donnant des mouvemens et figures convenables, il n’y a gueres de qualités materielles auxquelles il ne seroit possible de satisfaire, si nous connoissions assés le detail des choses. Ainsi on pourrait se servir de la philosophie de M. Gassendi pour introduire les jeunes gens dans les connoissances de la nature, en leur disant pourtant qu’on n’employe le vuide et les atomes que comme une hypothèse, et qu’il sera permis de remplir un jour ce vuide d’un fluide si subtil, qu’il ne puisse gueres intéresser nos phenomenes, et de ne point prendre l’indomptabilité des Atomes à la rigueur. Mais étant avancé dans les méditations, j’ay trouvé que le vuide et les Atomes ne pouvoient point subsister. On a publié dans les Mémoires de Trévoux quelques lettres que j’avois échangées avec M. Hartsoeker, où j’ay allégué quelques raisons generales tirées des principes plus elevés, qui renversent les Atomes, mais j’en puis alléguer bien d’autres, car tout mon système s’y oppose.