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Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 4.djvu/321

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308 - Leibniz contre Descartes et le cartésianisme


ignorant. Et les voyages lui donnaient la commodité d’étudier, de voir les bons auteurs et les habiles gens.

Ces défauts de ce philosophe qui n’étaient que les effets d’une vanité trop ordinaire aux gens de lettres ne doivent pas nous empêcher d’honorer son grand mérite. Il avait un talent merveilleux de se bien expliquer ; il a eu l’esprit d’amasser les meilleurs sentiments des anciens et modernes, quoiqu’il ne soit pas venu à bout des démonstrations qu’il promettait touchant Dieu et l’âme. On lui est redevable d’avoir ressuscité les contemplations de Platon et des Académiciens, et d’en avoir fait voir l’importance. Il faut avouer que ce qu’il dit de l’étendue, comme [si] elle faisait l’essence du corps, ne saurait être soutenu même en philosophie, pour ne rien dire de la religion ; il est vrai néanmoins qu’il n’y a jamais d’étendue sans corps, et que le vide ne se trouve point. Et quoiqu’il se trompe dans sa physique en posant pour fondement la conservation de la même quantité de mouvement, il a donné occasion par là à la découverte de la vérité qui est la conservation de la même quantité de force, qu’on sait être différente du mouvement. On ne peut pas lui accorder que la lumière consiste dans un simple commencement ou dans une action in instanti, ni qu’il ait donné la vraie raison des lois de la réfraction. Car s’il est vrai que l'air, à cause de sa flexibilité, fait perdre une partie de la force comme le tapis celle du globule qui court là-dessus[1], cette force perdue ne sera point rendue lorsque le rayon sort de l’air et retourne dans l’eau. Cependant nous voyons que le rayon y reprend la première inclinaison.

Son premier élément et ses globules ne sauraient subsister ; mais les tourbillons en général sont une chose fort belle, et il a poussé plus avant ce que d’autres avaient commencé. Car chaque système ou corps particulier ne se maintient que par le mouvement de ses parties qui repoussent celles des corps voisins. Quoiqu’il y ait encore beaucoup de difficulté dans son explication du flux et reflux à cause de celles qui se trouvent dans le mouvement de la lune, il a pourtant dit ce qu’il y a de plus plausible. Aussi quoiqu’il y ait encore un grand scrupule sur son explication de l’aimant parce qu’on n’en saurait tirer celte déclinaison et qui n’est pas si irrégulière qu’on aurait cru en son temps, néanmoins il paraît avoir approché le plus de la vérité. Et tout son système du monde et de l’homme, quelque imaginaire qu’il soit, est pourtant si beau qu’il peut

  1. C'est-à-dire : fait perdre une partie de l'énergie comme le tapis en fait perdre à la bille qui roule dessus…