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196 Essais de Théodicée

principe. Nous l’avons expliqué suffisamment, en montrant qu’il y a des cas où quelque désordre dans la partie est nécessaire pour produire le plus grand ordre dans le tout. Mais il paroit que M. Bayle y demande un peu trop, il voudroit qu’on luy montràt en détail, comment le mal est lié avec le meilleur projet possible de l’univers ; ce qui seroit une explication parfaite du phénomène : mais nous n’entreprenons pas de la donner, et n’y sommes pas obligés non plus, car on n’est point obligé à ce qui nous est impossible dans l’état où nous sommes : il nous suffit de faire remarquer que rien n’empéche qu’un certain mal particulier ne soit lié avec ce qui est le meilleur en général. Cette explication imparfaite, et qui laisse quelque chose à découvrir dans l’autre vie, est suffisante pour la solution des objections, mais non pas pour une compréhension de la chose.

M6. Les cieux et tout le reste de l’univers (adjoute M. Bayle) prêchant la gloire, la puissance, l’unité de Dieu, il en falloit tirer cette conséquence, que c’est (comme j’ay déjà remarqué cy dessus), parce qu’on voit dans ces objets quelque chose d’entier et d’isolé, pour ainsi dire ; et toutes les fois que nous voyons un tel ouvrage de Dieu, nous le trouvons si accompli, qu’il en faut admirer Partifice et la beauté :

mais lorsqu’on ne voit pas un ouvrage entier, lorsqu’on n’envisage que,

des lambeaux et des fragmens, ce n’est pas merveille si le bon ordre n’y paroit pas. Le Système de nos Planetes compose un tel ouvrage isolé, et parfait, lorsqu’on le prend à part ; chaque plante, chaque animal, chaque homme en fournit un, jusqu’à un certain point de perfection ; on y reconnoit le merveilleux artifice de l’auteur ; mais le genre humain, entant qu’il nous est connu, n’est qu’un fragment, qu’une petite portion de la Cité de Dieu, ou de la république des Esprits. Elle a trop d’étendue pour nous, et nous en connoissons trop peu, pour en pouvoir remarquer l’ordre merveilleux. L’Homme seul (dit M. Bayle), ce chef-d’oeuvre de son Createur entre les choses visibles, l’homme seul, disjenfournit de tres grandes objections contre l’unité de Dieu. Claudien a fait la même remarque, en déchargeant son cœur par ces vers connus :

Saepe mihi duhiam traxit sententia mentem etc.

Mais l’Harmonie qui se trouve dans tout le reste est un grand prejugé qu’elle se trouveroit encor dans le gouvernement des hommes, et générale-