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Essais de Théodicée. 223

à la perfection, ou empêchent l’imperfection de ceux qui sont vertueux, ou même de ceux qui ont à faire à eux. Et elles ont cela par leur nature et par la nature des créatures raisonnables, avant que Dieu decerne de les créer. D’en juger autrement, ce seroit comme si quelcun disoit que les règles des proportions et de l’harmonie sont arbitraires par rapport aux Musiciens, parce qu’elles n’ont lieu dans la Musique, que lorsqu’on s’est résolu à chanter ou à jouer de quelque instrument. Mais c’est justement ce qu’on appelle essentiel à une bonne musique ; car elles luy conviennent déjà dans l’état idéal, lors même que personne ne s’avise de chanter, puisque l’on sait qu’elles luy doivent convenir nécessairement aussitôt qu’on chantera. Et de même les vertus conviennent à l’état idéal de la créature raisonnable avant que Dieu decerne de la créer, et c’est pour cela même que nous soutenons que les vertus sont bonnes par leur nature.

482. M. Bayle a mis un chapitre exprès dans sa continuation des Pensées diverses (c’est le chap. 452), où il fait voir que les Docteurs Chrétiens enseignent qu’il y a des choses qui sont justes antecedemment aux décrets de Dieu. Des Theologiens de la confession d’A ugsbourg ont blamé quelques Beformés qui ont paru être d’un autre sentiment, et on a considère cette erreur comme si elle étoit une suite du Decret absolu, dont la doctrine semble exemter la volonté de Dieu de toute sorte de raison, ubi stat pro ratione voluntas. Mais, si je Pay remarqué plus d’une fois cy dessus, Calvin même a reconnu que les décrets de Dieu sont conformes à la justice et à la sagesse, quoyque les raisons qui pourroient montrer cette conformité en détail, nous soyent inconnues. Ainsi, selon luy les règles de la bonté et de la justice sont antérieures aux décrets de Dieu. M. Bayle, au même endroit, cite un passage du célèbre M. Turretin, qui distingue les loix Divines naturelles et les loix Divines positives. Les morales sont de la première espèce, et les cérémonielles de la seconde. M. Samuel Desmarests, Theologien célèbre autres fois à Groningue, et M. Strinesius qui l’est encor à Francfort sur l’Oder, sont enseigné la même chose : et je crois que c’est le sentiment le plus receu même parmy les Beformés. Thomas d’Acquin et tous les Thomistes ont été du même sentiment, avec le commun des Scolastiques et des Theologiens de l’Église Romaine. Les Casuistes en sont aussi : je compte Grotius entre les plus emincns parmy eux, et il a été suivi en