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Essais de Théodicée. 239

décrets qui s’entrecoupassent in cessa ment, il n’a point empêché le mauvais usage du libre arbitre de l’homme. Il adjoute, que les miracles étant des volontés particulières, doivent avoir une fin digne de Dieu.

205. Sur ces fondemens il fait de bonnes réflexions (ch. 234) touchant [‘injustice de ceux qui se plaignent de la prospérité des mechans. Je ne feray point scrupule (dit il) de dire que tous ceux qui trouvent étrange la prospérité des mechans, ont tres peu médité sur la nature de Dieu, et qu’ils ont réduit les obligations d’une cause qui gouverne toutes choses, à la mesure d’une providence tout à fait subalterne, ce qui est d’un petit esprit. Quoy doncl il faudrait que Dieu, après avoir fait des causes libres et des causes nécessaires, par un mélange infiniment propre à faire éclater les merveilles de sa sagesse infinie, eût établi des loix conformes à la nature des causes libres, mais si peu fixes, que le moindre chagrin qui arriverait à un homme, les bouleverseroit entièrement, à la ruine de la liberté humaine‘ ? Un simple Gouverneur de Ville se fera moquer de lui, s’il change ses règle mens et ses ordres autant de fois qu’il plait à quelqu’un de murmurer contre lui ; et Dieu, dont les Loix regardent un bien aussi universel que peut être tout ce qui nous est visible, qui n’y a sa part que comme un petit accessoire, sera tenu de déroger à ses loix, parce qu’elles ne plairont pas aujourd’hui à l’un, demain à l’autre ; parce que tantôt un superstitieux jugeant faussement qu’un monstre présage quelque chose de funeste, passera de son erreur à un sacrifice criminel ; tantôt une bonne ame, qui neanmois ne fait pas assez de cas de la vertu, pour croire qu’on est assez bien puni quand on n’en a point, se scandalisera de ce qu’un mechant homme devient riche, et jouit d’une santé vigoureuse ? Peut-on se faire des idées plus fausses d’une Providence générale‘ ? Et puisque tout le monde convient que cette loy de la nature, le fort l’emporte sur le foible, a été posée fort sagement, et qu’il seroit ridicule de prétendre que lorsqu’une pierre tombe sur un vase fragile, qui fait les délices de son maître, Dieu doit déroger à cette