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348 Essais de Théodicée

cette dernière proposition, elle peut être vraye dans un fort bon sens ; Dieu est la seule cause principale des realités pures et absolues, ou des

est l’unique vraye cause de tout ce qui est reel : et la lecture que j’en ay faite m’a confirme dans le sentiment que j’ay marqué au même endroit : que cette proposition peut être vraye dans un fort bon sens, Dieu étant la seule cause des realités pures et absolues ou des perfections : mais que lorsqu’on comprend les limitations ou les privations sous le nom des realités, l’on peut dire que les causes secondes concourent à la production de ce qui est limité. Et qu’autrement Dieu seroit la cause du peché, et même la cause unique. Et j’ay quelque penchant à croire, que l’habile auteur de la lettre n’est pas fort éloigné de mon sentiment, quoiqu’il semble comprendre toutes les modalités sous les realités dont il veut que Dieu seul soit la cause. Car dans le fond je croy qu’il n’admettra pas que Dieu est la cause et l’auteur du peche. Il s’explique même d’une manière qui semble renverser sa thèse et accorder une véritable action aux créatures, car dans la confirmation de l’huitieme Corollaire de sa seconde proposition il y a ces mots : Le mouvement naturel de l’ame, quoyque détermine en luy même, est indéterminé par rapport aux objets. Car c’est l’amour du bien en général. C’est par les idées du bien qui paroist dans les objets particuliers que ce mouvement devient particulier et détermine par rapport à ces objets. Et ainsi comme l’esprit a le pouvoir de se diversifier ses idées, il peut aussi changer les déterminations de son amour. Et il n’est point nécessaire pour cela qu’il surmonte la puissance de Dieu ny qu’il s’oppose à son action. Ces déterminations des mouvemens vers les objets particuliers ne sont point invincibles. Et c’est leur non invincibilité qui fait que l’esprit est libre et capable de les changer, mais après tout il ne fait ces changemens que par le mouvement que Dieu luy donne et luy conserve. Selon ‘mon style j’aurais dit que la perfection qui est dans l’action de la créature vient de Dieu, mais que les limitations qui s’y trouvent sont une suite de la limitation originale et des limitations precedentes survenues dans la créature. Et que cela a lieu non seulement dans les esprits, mais encor dans toutes les autres substances, qui sont par là des causes concourantes au changement qui arrive en elles meules, car cette détermination dont l’auteur parle n’est autre chose qu’une limitation.

Or en repassant après cela sur toutes les démonstrations ou corollaires de la Lettre, on pourra accorder ou rejetter la pluspart de ses assertions, suivant l’explication qu’on en pourra faire. Si par la realité on n’entend que des perfections ou des realités positives, Dieu en est la