culieres pourroit aller à un détail sans bornes, à cause de la variété immense des choses de la nature et de la division des corps à l’infini. Il y a une infinité de figures et de mouvemens présens et passés qui entrent dans la cause efficyente de mon écriture présente, et il y a une infinité de petites inclinations et dispositions de mon ame présentes et passées qui entrent dans la cause finale.
37. Et comme tout ce détail n’enveloppe que d’autres contingens antérieurs ou plus détaillés, dont chacun a encore besoin d’une analyse semblable pour en rendre raison, on n’en est pas plus avancé, et il faut que la raison suffisante ou dernière soit hors de la suite ou séries de ce détail des contingences, quelque infini qu’il pourroit être.
38. Et c’est ainsi que la dernière raison des choses doit être dans une substance nécessaire, dans laquelle le détail des changemens ne soit qu’éminemment, comme dans la source, et c’est ce que nous appelons Dieu.
39. Or, cette substance étant une raison suffisante de tout ce détail lequel aussi est lié partout, il n’y a qu’un Dieu, et ce Dieu suffit.
40. On peut juger aussi que cette substance suprême, qui est unique, universelle et nécessaire, n’ayant rien hors d’elle qui en soit indépendant, et étant une suite simple de l’être possible, doit être incapable de limites et contenir tout autant de réalités qu’il est possible.
41. D’où il s’ensuit que Dieu est absolument parfait ; la perfection n’étant autre chose que la grandeur de la réalité positive prise précisément, en mettant à part les limites ou bornes dans les choses qui en ont. Et là où il n’y a point de bornes, c’est à dire en Dieu, la perfection est absolument infinie.
42. Il s’ensuit aussi que les creatures ont leurs perfections de l’influence de Dieu, mais qu’elles ont leurs imperfections de leur nature propre, incapable d’être sans bornes, car c’est en cela qu’elles sont distinguées de Dieu.