Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 6.djvu/637

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‘Bbiloîophifæbc äbbanblungen. 625

la méditation qu’on reconnois dans les écrits de M. Bayle, et il semble qu’il a voulu tourner la matière en plaisanterie. Il se peut qu’il ait parlé à la feue Reine de Prusse contre mon système, et que Sa Majesté luy ait dit de mettre ses objections par écrit. Mais je puis dire en vérité de n’en avoir jamais eu aucune connoissance : et il paroist que cette Grande Princesse, qui avoit beaucoup de bonté pour moy, et qui étoit capable d’approfondir les choses, n’a point jugé à propos de m’en faire part, soit parcequ’Elle a jugé l’écrit trop superficiel, soit parcequ’E1le l’a trouvé peu obligeant.

Hauteur débute par dire qu’il n’a point entendu mon écrit. Mais M. °Foucher, le Pere Lami Benedictin, M. Bayle et même M. Arnaud, qui m’ont fait des objections, ne m’ont point accusé d’obscurité. Et le P. Malebranche, dont la doctrine est bien connue peut-être au savant auteur des remarques, ayant lù mes écrits, les a trouvés assés clairs, quoyque nous ne fussions pas tout à fait d’un même sentiment. Je crois que cet auteur n’a point voulu se donner la peine de lire ce que j’avois publié auparavant sur cette matière. Il compare mon sentiment avec la Cabbale devoilée des Robbins qu’un habil homme avoit publiée à Sulzbach. Il se nommoit M. Knorr de Bosenroth, Directeur de la Chancelerie du Prince. Il étoit d’une érudition fort universelle, grand ami de Franciscus Mercurius van Belmont, donnant un peu dans les opinions de cet homme singulier. Je n’ay point le loisir de recourir à cet ouvrage pour en comparer les sentimens avec les miens : mais peutetre qu’en Pexaminant on y trouveroit autant et plus de différence, que M. des Maiseaux n’en a trouvé entre celuy de l’auteur Grec de la diete et le mien. Mais quand les sentimens s’accorderaient, il n’y auroit point de mal. Cependant je ne diray point, comme on m’impute, qu’il y a une seule substance de toutes choses, et que cette substance est l’esprit. Car il y a autant de substances toutes distinguées qu’il y a de Monades, et toutes les Monades ne sont point des Esprits, et ces Monades ne composent point un tout véritablement un, et ce tout si elles en composoient, ne seroit point un esprit. Je n’a)’garde aussi de dire que la matière est une ombre, et même un rien. Ce sont des expressions outrées. Elle est un amas, non substantif, sed substantiatum, comme seroit une armée, un troupeau ; et en tant qu’on la considère comme faisant une chose, c’est un phénomène, très véritable en effect, mais dont notre conception fait l’unité.

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