Page:Leibniz - Discours de métaphysique, éd. Lestienne, 1907.djvu/35

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fissions ce que nous avons fait. Au contraire, comme il est le. meilleur de tous les maistres, il ne demande jamais que la droicte intention, et c’est à luy de connoistre l’heure et le lieu propre à faire reussir les bons desseins.

V. En quoy consistent les regles de perfection de la divine conduite et que la simplicité des voyes est en balance avec la richesse des effects. Il suffit donc d’avoir cette confiance en 5 Dieu. qu’il fait tout pour le mieux. et que rien ne sçauroit nuire à ceux qui l’aiment ; mais de connoistre en particulier les raisons qui l’ont pu mouvoir à choisir cet ordre de l’univers, à souffrir les pechés, à dispenser ses graces salutaires 10 d’une certaine maniere, cela passe les forces d’un esprit fini, sur tout quand il n’est pas encor parvenu à la jouissance de la veue de Dieu. Cependant on peut faire quelques remarques generales touchant la conduite de la providence dans le gouvernement 15 des choses. On peut donc dire que (a) celuy qui agit parfai- tement est semblable à un excellent geometre, qui sçait trouver les meilleures constructions d’un probleme ; à un bon architecte (b) qui ménage sa place et le fonds destiné pour le basti- ment de la maniere la plus avantageuse, ne laissant rien de 20 choquant, ou qui soit destitué de la beauté dont il est susceptible ; à un bon pere de famille, qui employe son bien en sorte qu’il n’y ait rien d’inculte ni de sterile ; à un habile machiniste qui fait son effect par la voye la moins embarrassée qu’on puisse choisir ; à un sçavant auteur qui enferme le plus de realités dans le moins de volume qu’il peut. Or, les plus parfaits de tous les estres, et qui occupent le moins de volume, c’est à dire qui s’empechent le moins, ce sont les esprits, (c) dont les perfections sont les vertus. C’est pourquoy il ne faut point 25 la [ce qui renferme plus de réalité en moins de volume est plus parfait]. b) [qui menage son terrain et ne laisse rien de rude et de sterile et de depourvu d’agrement et de beauté. c) [et leurs perfections, ce sont les vertus].