Page:Leibniz - La Monadologie, éd. Bertrand, 1886.djvu/22

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en général, il ne prête qu’aux pauvres : Aristote et saint Thomas sont des exceptions, on était arrivé à les faire passer pour tels.

Nous voici arrivés à un événement de peu d’importance qui joua un rôle considérable dans la vie de Leibniz : Jean-Frédéric de Brunswick-Lunebourg le nomma bibliothécaire à Hanovre. Ses deux premiers protecteurs, Boinebourg et l’électeur Jean-Philippe étant morts, les liens qui attachaient Leibniz à l’électorat de Mayence étaient relâchés, presque rompus ; il accepta. Le voilà désormais « philosophe de Hanovre » et presque aussi fidèle au séjour de cette ville que le « philosophe de Kœnigsberg, » Kant le fut plus tard à la ville où il naquit et où il mourut, sans l’avoir jamais quittée. Sauf quelques voyages entrepris pour compulser dans les bibliothèques d’Allemagne et d’Italie les documents relatifs à l’histoire de la famille de Brunswick, sauf un séjour de deux ans (1712-14) à Vienne où l’empereur d’Autriche l’avait appelé comme conseiller particulier, il passa les quarante dernières années de sa vie à Hanovre, comme simple directeur de la bibliothèque ducale. Cependant, avant de s’y rendre, en 1676, il alla de Paris à Londres où il fit un séjour d’une semaine et où il noua des relations avec le géomètre Collins, ami de Newton, puis passa par Amsterdam où il eut une conversation avec Spinoza. C’est à Hanovre, jouissant d’une célébrité européenne, consulté par les princes et par les savants, qu’il publiera selon les hasards des circonstances ses principaux traités philosophiques et qu’il entretiendra cette vaste correspondance politique, religieuse, scientifique, philosophique où il a semé tant d’idées et discuté tant de questions, jamais las d’exposer et de populariser ses conceptions favorites et y ramenant sans fatigue et sans effort tout ce qui fait l’objet de l’activité et de la curiosité humaines.

V

À partir de son installation à Hanovre, la biographie de Leibniz se confond absolument avec l’histoire de ses pensées et de ses écrits. C’est la période où il développe et met en lumière

    blions pas de signaler à cette occasion le savant et profond ouvrage du même auteur : la Critique de Kant et la métaphysique de Leibniz (Paris, 1875).