Page:Leibniz - La Monadologie, éd. Bertrand, 1886.djvu/33

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vaillait sans relâche à les formuler et à les condenser. Vers 1688, dans sa correspondance avec Arnaud, on en saisit les traits essentiels quoique la substance n’y porte pas encore le nom de Monade. Le Système nouveau de la communication des substances (1695) est déjà tout pénétré de la doctrine des Monades. La Théodicée (1710) en est la plus haute application et les Principes de la Nature et de la Grâce (1714), contemporains de la Monadologie, n’en forment qu’une variante comme la Correspondance avec Clarke (1715-16) n’en est qu’une application particulière à des questions controversées.

On remarquera, en lisant la Monadologie, que Leibniz renvoie perpétuellement le lecteur à sa Théodicée. Cette circonstance importante a inspiré tout notre commentaire. Voici comment : 1o La Monadologie est un abrégé très substantiel de tout le leibnizianisme, intelligible peut-être à l’esprit pénétrant d’un prince Eugène, mais parfaitement inaccessible à qui n’en aurait pas la clef et ne serait pas dirigé par un guide sûr. Ces thèses d’ailleurs ne faisaient que rappeler à l’illustre lecteur les développements qu’il avait déjà lus dans la Théodicée. 2o Nous n’avons pas le droit d’admettre a priori que nos lecteurs ont médité sur le texte de la Théodicée ; nous sommes même obligés d’admettre le contraire si nous voulons être intelligible pour tous. Il faut donc respecter les intentions de Leibniz et nous reporter docilement aux passages auxquels lui-même nous renvoie. Nous y trouverons toujours l’explication développée des aphorismes trop brefs de la Monadologie et nous ne courrons qu’un danger facile à éviter : Leibniz, en effet, renvoie plusieurs fois aux mêmes paragraphes, et il serait évidemment oiseux et fastidieux de les remettre autant de fois sous les yeux du lecteur. Souvent même nous nous contenterons de citer, non tout le paragraphe, mais quelques développements essentiels et nous élaguerons tout le reste. Quelquefois aussi nous résumerons le paragraphe au lieu de le citer, mais toujours dans la langue même de Leibniz. 3o Enfin, nous nous souviendrons que Leibniz n’a renvoyé le lecteur qu’à la Théodicée, pour cette unique cause qu’elle était le seul de ses ouvrages qui fût encore publié ou du moins qui fût entre les mains du prince Eugène. Nous resterons donc fidèle à ses propres indications et nous en suivrons l’esprit sinon la lettre, en puisant également dans ses autres ouvrages et surtout dans ceux qui nous ont paru les plus complètement pénétrés de la doctrine monadologique.