Aller au contenu

Page:Leibniz - Nouveaux Essais sur l’entendement humain, 1921.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à la longueur, à la largeur et à la profondeur, on peut l’appeler capacité.

Théophile. Pour parler plus distinctement, la distance de deux choses situées (soit points ou étendus) est la grandeur de la plus petite ligne possible qu’on puisse tirer de l’un à l’autre. Cette distance se peut considérer absolument ou dans une certaine figure, qui comprend les deux choses distantes ; par exemple la ligne droite est absolument la distance entre deux points. Mais ces deux points étant dans une même surface sphérique, la distance de ces deux points dans cette surface est la longueur du plus petit grand arc de cercle qu’on y peut tirer d’un point à l’autre. Il est bon aussi de remarquer que la distance n’est pas seulement entre des corps, mais encore entre les surfaces, lignes et points. On peut dire que la capacité ou plutôt l’intervalle entre deux corps ou deux autres étendus, ou entre un étendu et un point, est l’espace constitué par toutes les lignes les plus courtes qui se peuvent tirer entre les points de l’un et de l’autre. Cet intervalle est solide, excepté lorsque les deux choses situées sont dans une même surface, et que les lignes les plus courtes entre les points des choses situées doivent aussi tomber dans cette surface ou y doivent être prises exprès.

§ 4. Philalèthe. Outre ce qu’il y a de la nature, les hommes ont établi dans leur esprit les idées de certaines longueurs déterminées, comme d’un pouce, d’un pied.

Théophile. Ils ne sauraient : car il est impossible d’avoir l’idée d’une longueur déterminée précise. On ne saurait dire ni comprendre par l’esprit ce que c’est qu’un pouce ou un pied. Et on ne saurait garder la signification de ces noms que par des mesures réelles qu’on suppose non changeantes, par lesquelles on les puisse toujours retrouver. C’est ainsi que M. Greave, mathématicien anglais, a voulu se servir des pyramides d’Égypte, qui ont duré assez et dureront apparemment encore quelque temps, pour conserver nos mesures, en marquant à la postérité les proportions qu’elles ont à certaines longueurs désignées dans une de ces pyramides. Il est vrai qu’on a trouvé depuis peu que les pendules servent pour perpétuer les mesures (mensuris rerum ad posteros transmittendis) comme MM. Hugens, Mouton, et Buratini, autrefois maître