Page:Leibniz - Nouveaux Essais sur l’entendement humain, 1921.djvu/124

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qui sont formés des idées simples. Tels sont (§ 2) les modes du mouvement, comme glisser, rouler ; ceux des sons (§ 3), qui sont modifiés par les notes et les airs (§ 4), comme les couleurs par les degrés (§ 5), sans parler des saveurs et odeurs (§ 6). Il n’y a pas toujours des mesures ni des noms distincts non plus que dans les modes complexes (§ 7), parce qu’on se règle selon l’usage, et nous en parlerons plus amplement, quand nous viendrons aux mots.

Théophile. La plupart des modes ne sont pas assez simples et pourraient être comptés parmi les complexes : par exemple, pour expliquer ce que c’est que glisser ou rouler, outre le mouvement il faut considérer la résistance de la surface.


§ 1. Philalèthe. Des modes qui viennent des sens, passons à ceux que la réflexion nous donne. La sensation est pour ainsi dire l’entrée actuelle des idées dans l’entendement par le moyen des sens. Lorsque la même idée revient dans l’esprit, sans que l’objet extérieur qui l’a d’abord fait naître agisse sur nos sens, cet acte de l’esprit se nomme réminiscence ; si l’esprit tâche de la rappeler et qu’enfin après quelques efforts il la trouve et se la rend présente, c’est recueillement Si l’esprit l’envisage longtemps avec attention, c’est contemplation ; lorsque l’idée que nous avons dans l’esprit y flotte pour ainsi dire sans que l’entendement y fasse aucune attention, c’est ce qu’on appelle rêverie. Lorsqu’on réfléchit sur les idées qui se présentent d’elles-mêmes, et qu’on les enregistre pour ainsi dire dans sa mémoire, c’est attention ; et lorsque l’esprit se fixe sur une idée avec beaucoup d’application, qu’il la considère de tous côtés, et ne veut point s’en détourner, malgré d’autres idées qui viennent à la traverse, c’est ce qu’on nomme étude ou contention d’esprit. Le sommeil qui n’est accompagnr d’aucun songe est une cessation de toutes ces choses ; et songer c’est avoir ces idées dans l’esprit pendant que les sens extérieurs sont fermés, en sorte qu’ils ne reçoivent point l’impression des objets extérieurs avec cette vivacité qui leur est ordinaire. C’est, dis-je, avoir des idées sali, qu’elles nous soient suggérées par aucun objet de dehors, ou par aucune occasion connue, et sans être choisies ni déterminées en aucune manière par l’entendement. Quant à ce que nous