Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/118

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Le livre de Wachter a pour but, comme le titre l’indique, de dévoiler la philosophie secrète des Hébreux, et surtout de déterminer la part de légitime influence que peut revendiquer la Kabbale sur le plus douteux de ses adeptes, Benedict de Spinoza.

Si l’on en croit Wachter, cette part est immense. La Kabbale portait déjà dans ses flancs tout le panthéisme de Spinoza.

L’auteur d’un livre estimé sur la Kabbale, M. Frank, a déjà fait ressortir l’invraisemblance de ce mythe imaginé par Wachter, et d’après lequel l’ennemi de la tradition n’aurait fait que suivre la philosophie traditionnelle des auteurs de sa nation. Suivant M. Frank, l’influence prépondérante du Cartésianisme a effacé toutes les traces kabbalistiques, et suffit à tout expliquer.

Leibniz me paraît prendre un milieu entre ces deux opinions si nettement tranchées. Après avoir, dans sa lettre à l’abbé Nicaise, de 1697, parlé des semences de Cartésianisme cultivées par Spinoza ; plus tard, et mieux informé, il ne peut s’empêcher de reconnaître dans sa Théodicée, que Spinoza était versé dans la Kabbale des auteurs de sa nation, et il le mêle à une tradition toute kabbalistique que Spinoza, en effet, paraît avoir suivie.

Je pencherais en faveur de l’opinion de Leibniz.