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doute aussi avec tous les autres philosophes, bien que ce soit d’une autre manière[1] ; j’ose même dire que ç’a été le sentiment de tous les anciens Hébreux, ainsi qu’on le peut conjecturer de certaines traditions, si défigurées qu’elles soient en mille manières. » Quant à moi, je penserais que tout est en Dieu, non pas comme la partie dans le tout, ni comme un accident dans le sujet, mais comme le lieu dans ce qu’il remplit, lieu spirituel ou subsistant et non mesuré ou partagé, car Dieu est immense ; il est partout, le monde lui est présent, et c’est ainsi que toutes choses sont en lui, car il est où elles sont et ne sont pas ; il demeure quand elles s’en vont, et il a déjà été là où elles arrivent.

L’auteur dit que les Kabbalistes sont d’accord sur

  1. Ce témoignage considérable de Spinosa, qui déclare n’adhérer à la phrase de Saint Paul que sauf à en modifier l’esprit, disparaît dans la traduction française de M. Saisset, que j’ai quelquefois suivie, mais qui me parait ici affaiblir le sens. M. Saisset traduit : « Je le déclare avec Paul ; nous sommes en Dieu, et nous nous mouvons en Dieu. Ce que croyaient aussi tous les anciens philosophes, bien que d’une autre façon. » Spinosa déclare à mon sens que tout en acceptant l’affirmation de Saint Paul, qui se retrouve chez d’anciens philosophes, il entend l’expliquer à sa manière. Cette restriction, qui est un aveu, manque dans la traduction française V. t. 2, page 339.