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L’auteur ajoute : « Je ne vois nulle part que Spinosa ait dit positivement que les âmes passent d’un corps dans un autre et habitent différentes demeures et divers séjours d’éternité. On pourrait cependant l’inférer de sa pensée. » — C’est une erreur de l’auteur. La même âme, pour Spinosa, ne peut pas être l’idée d’un autre corps, de même que la figure d’une sphère n’est pas la figure d’un cylindre. L’âme, pour Spinosa, est tellement fugitive, qu’elle n’existe même pas dans le moment présent ; car le corps lui aussi, ne demeure qu’en idée. Spinosa (Éth. p. 5, prop. 21) dit que la mémoire et l’imagination s’évanouissent avec le corps. Mais je pense, pour ma part, que toujours quelque imagination et quelque mémoire demeurent, et que, sans elles, l’âme serait un pur néant. Il ne faut pas croire que la raison existe sans le sentiment ou sans une âme. Une raison sans imagination ni mémoire est une conséquence sans prémisses. Aristote aussi a pensé que la raison ou l’intellect agent subsistent et non l’âme. Mais souvent l’âme agit et la raison est passive.