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XLIV

corps, mais c’est de croire que l’âme n’exprime que cela. Ce n’est pas d’attacher une âme à chaque corps, mais c’est de l’identifier avec lui.

On ne saurait trop admirer l’art infini avec lequel Leibniz conduit sa théorie des monades, et la substitue à l’étendue pure de Spinoza. Avec de l’étendue, de la matière, Spinoza a voulu faire un monde, il n’en a composé que la masse informe : Rudis indigestaque moles. Prenez au contraire une substance simple avec le peu d’étendue qui lui revient comme dépendance, attachez-y la perception, déjà vous avez tout un monde dans ce point métaphysique car la perception nous représente dans l’unité le divisible et le matériel répandu dans une foule de corps. Variez les points de vue, multipliez les substances simples : quelle prodigieuse variété va naître aussitôt au sein de la masse étendue ! Que sera-ce si vous y attachez non plus la seule perception, mais la pensée ; quel monde nouveau, quelles infinités de mondes infinis !

Les caractères des monades nous sont donnés avec leur constitution ; elles sont indivisibles, indestructibles et ingénérables.