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LXXXVIII

sance. Elle ne connaît ni langueur ni défaillance, et quant à cette pensée du vulgaire qu’elle peut manquer son ouvrage et produire des choses imparfaites, elle doit être mise au nombre des chimères. Éternellement employée à fournir à la pensée sa matière, elle rend incessamment en étendue ce qu’elle rend en pensée, et par un jeu de son mécanisme, elle fait incessamment la balance de l’esprit et de la matière, sans permettre jamais à celui-là de surpasser celle-ci[1].

Que vient-on parler après cela de désordre ou de manquement dans ses opérations ? Elle opère sur Dieu même, elle distille dans le monde les propriétés de sa substance, les perfections de son être très parfait. Et comme il entre la même quantité de pensée et d’étendue dans la substance de Dieu, ses mélanges et ses combinai-

  1. Si Dieu n’existait pas, la pensée pourrait concevoir plus que la nature ne sautait fournir. (De Intell. Emend. 431), et (dans la Lettre 45) : que la puissance de penser ne se porte pas à penser avec plus de force que la puissance de la nature ne se porte à exister et à agir, c’est un axiome très clair et très vrai, d’où suit très réellement l’existence de Dieu comme produit de son idée.