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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/104

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sur eux et ils en porteraient la peine : telle est la rigueur de la loi. — Ô Dieu ! — Tu frémis ? » Alonzo la reconduit sagement dans l’asile des vierges. Il la retrouve un peu plus tard ; elle est enceinte, elle va être condamnée à mort : mais il s’accuse lui-même, la défend et la sauve par l’éloquence de ses propos philosophiques et de ses invectives contre le fanatisme et l’intolérance.

Eh bien, l’histoire d’Atala aussi, comme tant d’histoires du dix-huitième siècle, pouvait simplement être un exemple des dangers du fanatisme ignorant. Vers la fin du récit, après qu’Atala a révélé son vœu, Chactas, serrant les poings et regardant le missionnaire d’un air menaçant, s’écrie : « La voilà donc, cette religion que vous m’avez tant vantée ! Périsse le serment qui m’enlève Atala ! Périsse le Dieu qui contrarie la nature ! Homme ! prêtre ! qu’es-tu venu faire dans ces forêts ? — Te sauver ! dit le vieillard. » Et, à partir de là, l’histoire devient à peu près chrétienne, en dépit du furieux désespoir, déjà byronien, qui ressaisit un moment la jeune muscogulge. Mais enfin, sans le Père Aubry, Atala pourrait être, par l’esprit, un conte de Marmontel ou de Saint-Lambert. Et il est vrai qu’il y a le Père Aubry : mais, même avec le Père Aubry, on voit qu’après tout, si la religion console par des phrases harmonieuses Atala et Chactas, c’est elle qui a causé leurs malheurs et tué Atala.

Et l’on peut dire encore : On trouverait baroque la