Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/120

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elle mêle divinement son calme et son innocence à ce reste de trouble et de volupté d’un cœur qui cherche à se reposer et d’une vie qui se retire. » Ainsi écrit, merveilleusement, mais sans pudeur, cette religieuse qui, après tout, est une jeune fille.

Il est, — dirai-je amusant ? et pourquoi non ? — de penser que ces deux histoires de volupté, René et Atala, auraient été écrites, si on en croyait l’auteur, pour secourir et fortifier l’apologie du christianisme. Eh, mon Dieu ! elles la secoururent en effet, puisqu’elles engagèrent les gens à lire le reste du livre.

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Mais enfin, dans ces quarante pages de René, qu’est-ce donc qui constitue le chef-d’œuvre ? Ce n’est pas l’épisode mélodramatique de la religieuse, et ce ne sont pas non plus les premières pages, plus anciennes, je persiste à le croire, et qui auraient aussi bien pu être écrites par Fontanes.

Non ; mais, entre ces deux parties inégales, il y a une fort belle peinture des sentiments et des agitations d’un jeune homme qui est triste, mais qui veut l’être, et qui s’ennuie, mais qui s’y complaît, et qui voudrait tout et qui est dégoûté de tout, et qui ne s’en sait pas mauvais gré.

Son père mort, il songe un moment à « cacher sa vie » dans un monastère. Il visite d’abord « les peuples qui ne sont plus » ; il va « s’asseoir sur les débris de Rome et de la Grèce ». Il passe en Angleterre,