Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/146

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espèce de christianisme social. Les protestants lui inspiraient peu de sympathie. Il terminait ainsi un chapitre sur la Réforme : « Pourquoi cet abominable spectacle ? Parce qu’un moine s’avisa de trouver mauvais que le pape n’eût pas donné à son ordre, plutôt qu’à un autre, la commission de vendre des indulgences en Allemagne ». (2e part., chap. XL.) Il disait, à propos d’Épiménide : « Il bâtit des temples aux dieux, leur offrit des sacrifices et versa le baume de la religion dans le secret des cœurs. Il ne traitait point de superstition ce qui tend à diminuer le nombre de nos misères ; il savait que la statue populaire, que le pénate obscur qui console le malheureux est plus utile à l’humanité que le livre du philosophe qui ne saurait essuyer une larme. » Il n’était, en tout cas, qu’un impie intermittent. Et sa sensibilité était restée chrétienne. Cette sensibilité régnait partout dans Atala, René, les Natchez, et aussi la croyance à l’utilité sociale du christianisme. Rappelez-vous les personnages du Père Aubry et du Père Souël. Non, non, Chateaubriand, pour entreprendre une apologie de la religion, — du moins le genre d’apologie qu’il entreprit, — n’avait pas à revenir de très loin.

Enfin, il était naturel (comme le fait remarquer M. Victor Giraud), que les émigrés, et même les plus touchés de l’esprit du dix-huitième siècle, revinssent à la foi chrétienne, ou pour le moins au respect de la foi, par horreur soit de la philosophie, soit de l’impiété