Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/199

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champs heureux où Virgile plaça l’Élysée, telle était l’occupation de nos jours, source intarissable de larmes et de repentir. » (Crois-tu ?). Ou bien : « Nous remplissions nos coupes d’un vin exquis trouvé dans les celliers d’Horace, et nous buvions aux trois sœurs de l’Amour, filles de la Puissance et de la Beauté… Nous chantions ensuite sur la lyre nos passions criminelles. » — « Loin d’ici, bandelettes sacrées, ornements de la pudeur, et vous, longues robes, qui cachez les pieds des vierges, je veux célébrer les larcins et les heureux dons de Vénus ! » Et il rappelle tout cela devant la petite Cymodocée, qu’on ne fera sortir qu’au moment de l’épisode de Velléda.

Mais cette petite Cymodocée elle-même, son charme est d’être petite-fille d’Homère et de le demeurer jusqu’au bout ; son charme est de rester païenne, de recevoir sans y comprendre grand’chose les enseignements de l’évêque Cyrille ; d’être telle que tout ce qu’elle fait, on ne sait pas si elle le fait pour l’amour du Christ ou pour l’amour d’Eudore. Elle va si gentiment, au clair de lune, retrouver Eudore dans la grotte arcadienne, avant d’aller le rejoindre dans l’amphithéâtre ! « Ta religion, lui dit-elle, défend aux jeunes hommes de s’attacher aux jeunes filles, et aux jeunes filles de suivre les pas des jeunes hommes : tu n’as aimé que lorsque tu étais infidèle à ton Dieu. » À quoi Eudore ne peut que répondre : « Ah ! je