furieux et des résignations d’une tendresse infinie, des songes et des espérances à soulever l’âme, et des désespoirs à en mourir… La femme, devenue la grande tentatrice, le piège du diable, a inspiré des désirs et des adorations d’autant plus ardentes… La malédiction jetée à la chair a dramatisé l’amour. Il y a eu des passions nouvelles : la haine paradoxale de la nature, l’amour de Dieu, la foi, la contrition. À côté de la débauche exaspérée par la terreur même de l’enfer, il y a eu la pureté, la chasteté chevaleresques ; à côté de la misère plus grande et à travers les férocités aveugles, une plus grande charité, une compassion de la destinée humaine où tout le cœur se fondait. Il y a eu des conflits d’instincts, de passions et de croyances qu’on ne connaissait point auparavant, une complication de la conscience morale, un approfondissement de la tristesse et un enrichissement de la sensibilité…
Il y a trop peu de tout cela dans les Martyrs. Sans doute Cymodocée dit à un moment : « Je pleure comme si j’étais chrétienne. » Mais c’est à peu près tout. Elle n’est héroïque que par amour, et elle est païenne encore sous la dent du tigre. Et Eudore, redevenu chrétien, montre assurément de grandes vertus, pureté, détachement, résistance à la douleur : mais je cherche en vain l’accent nouveau, l’accent mystique. Je crois que le Christ n’est pas appelé une seule fois Jésus. — En résumé les