Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/213

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et si inutiles ! Ce qui reste du jeune Anacharsis de l’abbé Barthélemy, et ce qui fait présager le jeune Gaulois à Rome, du digne professeur Dézobry ! Et cette cruelle tension de style, à faire trouver le Télémaque délicieux et naturel !

(Quand j’étais adolescent, j’ai lu avec amour Fabiola. Le modeste livre du cardinal Wiseman est plus chrétien que les Martyrs, et me semblait aussi bien plus amusant. Avez-vous lu Fabiola ? Vous rappelez-vous la petite Agnès, la bonne Syra, l’enfant Tarcisius ? Il y a dans Fabiola de la douceur, de la piété, de l’intérêt dramatique…)

Mais, encore une fois, il y a, dans les Martyrs, le combat des Francs, et il y a Velléda. Il y a Chateaubriand lui-même et la plus rare fleur de son sang. Chactas, René, Eudore, c’est lui ; Atala, Amélie, Velléda, c’est elle. Il ne s’intéresse violemment, — et assez pour leur donner la vie par des mots, — qu’aux images de son propre cœur, ou des cœurs qu’il a troublés. Velléda vit, parce qu’elle est sa grande aventure passionnelle ; Cymodocée vit, parce qu’elle est son paganisme habillé en vierge. Les autres sont des ombres, même Hiéroclès, le proconsul jacobin.