Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/228

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par les premiers reflets du jour ; des

 colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l’ombre le
 long des flancs de l’Hymette et annonçaient les parcs ou les
 chalets des abeilles ; Athènes, l’Acropolis et les débris du
 Parthénon se coloraient de la plus belle teinte de la fleur du
 pêcher ; les sculptures de Phidias, frappées horizontalement d’un
 rayon d’or, s’animaient et semblaient se mouvoir sur le marbre
 par la mobilité des ombres du relief ; au loin la mer et le Pirée
 étaient tout blancs de lumière ; et la citadelle de Corinthe,
 renvoyant l’éclat du jour nouveau, brillait sur l’horizon du
 couchant comme un rocher de pourpre et de feu.

(Ces ailes « glacées de rose » sont vraiment très bien.) Oui, de belles descriptions, et bien ordonnées ; mais cependant on s’aperçoit qu’il a gardé les plus belles pour les Martyrs et que nous n’avons ici que de magnifiques rognures un peu arrangées. Puis, avez-vous remarqué que ces grandes descriptions d’ensemble ne font rien voir du tout à qui n’a pas vu soi-même les paysages décrits ? On aime aujourd’hui, je crois, des descriptions plus simples de ton, moins oratoires, si j’ose dire, pas trop composées après coup, mais où l’écrivain reproduit les détails significatifs dans l’ordre où ils l’ont frappé, ou à mesure qu’ils lui reviennent en mémoire. Ou bien, l’auteur transforme les objets selon l’état de son âme ; il n’en décrit que l’idée qu’il s’en est faite ; en phrases frémissantes et courtes il exprime, à propos d’un paysage historique ou naturel, le souvenir, le regret, le désir, la joie ou l’enthousiasme qu’il portait en lui lorsqu’