Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/231

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Dans l’Itinéraire, la partie la plus agréable, et de beaucoup, et qu’il a écrite avec le plus de plaisir, c’est le voyage en Grèce. Dès qu’il arrive à la Terre-Sainte, il a beau se battre les flancs, il ne sent rien. Un lieu où se sont passées des choses sublimes, des choses surnaturelles, pourquoi nous émouvrait-il plus que ces choses elles-mêmes ? En tout cas, il ne nous touchera que dans la mesure où il nous aidera à nous représenter ces choses, et pourvu que nous y croyions avec intensité. Et Chateaubriand n’a jamais cru que somptueusement et faiblement. En somme, il avoue lui-même sa froideur : « Les lecteurs chrétiens demanderont peut-être… quels furent les sentiments que j’éprouvai en ce lieu redoutable (l’église du Saint-Sépulcre) : je ne puis réellement le dire. Tant de choses se présentaient à la fois à mon esprit, que je ne m’arrêtais à aucune idée particulière… » Bref, il ne sent rien du tout. Un peu après, il croit décent de paraître ému, et voici ce qu’il trouve : « Nous parcourûmes les stations jusqu’au sommet du calvaire. Où trouver dans l’antiquité rien d’aussi touchant, rien d’aussi merveilleux que les dernières scènes de l’Évangile ? Ce ne sont point ici les aventures bizarres d’une divinité étrangère à l’humanité : c’est l’histoire la plus pathétique, histoire qui non seulement fait couler des larmes par sa beauté, mais dont les conséquences, appliquées à l’univers, ont changé la face de la terre. » (Au fait, cela est-il très bien écrit ?) « Je venais de visiter