Aller au contenu

Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suis ton esclave désolé ; musulmane, je suis ton époux glorieux. »

Et, deux années de suite, Aben-Hamet s’en retourne à Tunis, puis revient à Grenade. Et chaque fois : « Sois chrétien », disait Blanca ; « sois musulmane », disait Aben-Hamet ; et ils se séparaient sans avoir succombé à la passion qui les entraînait l’un vers l’autre.

La troisième fois, Blanca présente à Aben-Hamet son frère Carlos et le chevalier français Lautrec, amoureux de la jeune fille. Lorsque Carlos a connu l’amour du Maure pour Blanca : « Maure, lui dit-il, renonce à ma sœur, ou accepte le combat. » Aben-Hamet est vainqueur et épargne don Carlos, et Lautrec ne peut se battre à son tour, à cause de ses anciennes blessures. Et Blanca essaye de tout arranger. « Blanca voulut contraindre les trois chevaliers (car Aben-Hamet, avant le duel, a été armé chevalier par Carlos) à se donner la main : tous les trois s’y refusèrent. — Je hais Aben-Hamet, s’écria don Carlos. — Je l’envie, dit Lautrec. — Et moi, dit l’Abencérage, j’estime don Carlos et je plains Lautrec, mais je ne saurais les aimer. — Voyons-nous toujours, dit Blanca, et tôt ou tard l’amitié suivra l’estime. »

Et, en effet, ils vivent quelque temps ensemble. Et, dans une fête que donne Lautrec au Généralife, Lautrec chante la jolie romance :

 Combien j’ai douce souvenance
 Du joli lieu de ma naissance !
 Ma