HUITIÈME CONFÉRENCE
LA VIE POLITIQUE
Donc, en 1811, la carrière littéraire de Chateaubriand était de toute
façon finie. Elle avait été limitée d’avance par son esprit même, et
par le rôle que l’auteur avait assumé. Il était, comme il fut toujours,
dégoûté de tout en désirant tout. Il ne savait à quoi s’occuper.
Il attendait, il espérait la chute de l’empereur, que certains indices
annonçaient, mais qui ne paraissait pas encore très proche. Alors, pour
passer le temps, et aussi parce que cette description et cette
exaltation de soi lui plaisaient infiniment, il eut l’idée d’écrire ses
Mémoires, et, de 1811 à 1813, il commença à les rédiger.
Mais ce n’était encore pour lui, en effet, qu’un divertissement, en attendant mieux. Son rêve, exprimé cent fois, a toujours été d’avoir une vie complète, d’être à la fois un homme de pensée et de