Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/272

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n’ont pas plus d’attrait pour nous que nous n’en avons pour eux ; nous les avons servis de notre mieux, mais sans intérêt et sans illusions. Louis XVIII nous détestait ; il avait à notre endroit de la jalousie littéraire, etc. » Ceci est extrait du Congrès de Vérone, mais les petits morceaux de ce genre sont par centaines dans les Mémoires.

Chateaubriand triompha d’une façon extravagante. Il appelait la guerre d’Espagne son René en politique. Il dit dans le Congrès de Vérone : la fortune m’avait choisi « pour me charger de la puissante aventure qui, sous la Restauration, aurait pu renouveler la face du monde ». Il dit ailleurs que le succès de la guerre d’Espagne pouvait donner à la France les frontières du Rhin. Et même il l’explique. Cette guerre est sa guerre. Cependant, tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a assez puissamment contribué. Dans les préparatifs de l’entreprise, son rôle paraît moindre que celui de Mathieu de Montmorency ou que celui du grand ministre Villèle, qui d’abord marcha malgré lui et qui ensuite emporta tout.

Mais Chateaubriand était tellement persuadé que c’était lui, Chateaubriand, qui avait tout fait et il y mettait une telle « vanité d’auteur » (Sainte-Beuve), qu’il fut ulcéré de n’être pas complimenté par le roi avant tous les autres, ministres ou généraux. Il ne se concevait plus que premier ministre ou président du conseil. « On ne peut gouverner avec