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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/279

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Il continuera, sous Louis-Philippe, d’écrire de ces choses, d’affirmer et de saluer la transformation des sociétés, l’ère nouvelle, l’inéluctable progrès de la démocratie. Il fait très bien tout le nécessaire pour entretenir sa popularité. Il affiche la plus vive sympathie pour Armand Carrel, qui, dans la guerre d’Espagne (sa guerre à lui, Chateaubriand) avait combattu comme volontaire républicain contre l’armée française. Il étale la plus grande admiration pour Béranger. Il l’invite à dîner avec Carrel au Café de Paris, pour bien montrer qu’ils sont ses amis et qu’il a l’esprit libre. Béranger lui rend ses politesses par la chanson :

 Chateaubriand, pourquoi fuir ta patrie ?

Et Chateaubriand appelle cela une admirable chanson. Et il raconte lui-même : « Un vieux chevalier de Saint-Louis, qui m’est inconnu, m’écrivait du fond de sa tourelle : « Réjouissez-vous, monsieur, d’être loué par celui qui a souffleté votre roi et votre Dieu. » (L’indignation de ce vieux chevalier n’est peut-être pas si ridicule.) Il affecte d’être l’ami de Lamennais, après la révolte de Lamennais, bien entendu. Il écrit même au prince Louis-Napoléon : « Si Dieu, dans ses impénétrables conseils, avait rejeté la race de Saint-Louis, si les mœurs de notre patrie ne lui rendaient pas l’état républicain possible, il n’y a pas de nom qui aille mieux à la gloire de la France que