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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/28

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des grands lacs et les montagnes Rocheuses), « de là, suivant le profil du continent, et toujours en vue de la mer, je prétendais reconnaître le détroit de Behring, doubler le dernier cap septentrional de l’Amérique, descendre à l’est le long des rivages de la mer Polaire et rentrer dans les États-Unis par la baie d’Hudson, le Labrador et le Canada. »

C’est effrayant ! Voilà ce qu’il avait rêvé de faire, il y a cent vingt ans, les mains dans ses poches. Comme il le dit avec une drôlerie qu’il ne paraît pas soupçonner : « Quels moyens avais-je d’exécuter cette prodigieuse entreprise ? Aucun. » Il en prend d’ailleurs très vite son parti : « J’entrevis que le but de ce premier voyage serait manqué… et, en attendant l’avenir, je promis à la poésie ce qui serait perdu pour la science. » Et alors au lieu de ce qu’il devait faire, voici ce qu’il fait (assure-t-il).

De Philadelphie, une diligence le conduit à New-York. Puis il va en bateau, sur l’Hudson, jusqu’à Albany. Là, il engage un Hollandais qui parle plusieurs dialectes indiens, et, par des régions encore sauvages, mais non complètement inhabitées, il se dirige vers le Niagara.

Il entre dans la forêt vierge. Il y rencontre un hangar où un petit Français, M. Violet, ancien marmiton au service du général Rochambeau, apprenait à danser à une vingtaine d’Iroquois. Il achète des Indiens un habillement en peau