Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/30

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les Creeks dans les Florides, lui permet de la suivre. « Nous nous acheminâmes vers les pays connus sous le nom général des Florides. » Cela, par terre, en « suivant des sentiers ». Mais aussitôt, sans qu’on sache comment, il se retrouve sur l’Ohio. Il aborde avec ses trafiquants une île située dans un des lacs que l’Ohio traverse. Il s’y amuse une journée avec deux jeunes Floridiennes, « issues d’un sang mêlé de Chiroki et de Castillan ».

Son itinéraire devient de plus en plus vague. « Je me hâtai de quitter le désert… Nous repassâmes les montagnes Bleues… J’avisai au bord d’un ruisseau une maison américaine, ferme à l’un de ses pignons, moulin à l’autre. J’entrai demander le vivre et le couvert, et fus bien reçu. » C’est tout. Où ce ruisseau ? Où cette maison américaine ? Nous ne savons pas. J’ai envie de dire : — Lui non plus, soyez tranquilles.

Dans cette ferme, coup de théâtre. Il trouve un journal anglais qui lui apprend la fuite du roi et son arrestation à Varennes, et la formation de l’armée des princes. Subitement, il prend la résolution de retourner en France. Il revient à Philadelphie, et s’embarque pour le Havre le 10 décembre 1791.

Il avait passé, d’après les dates qu’il nous donne lui-même, exactement cinq mois en Amérique. Il y avait fait, en voiture, à cheval et en bateau, avec des guides, dans des régions connues, une excursion que tout Européen robuste pouvait