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Page:Lemaître - Corneille et la Poétique d’Aristote, 1888.djvu/89

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PRÉFACES ET EXAMENS

Nous retrouvons dans les Examens et dans les Préfaces le même esprit que dans les trois Discours, la même conscience, le même orgueil et les mêmes scrupules. On y sent pourtant, par endroits, une plus grande liberté d’esprit, et cela se comprend. Car, ici, Corneille ne parle plus ou du moins ne parle pas toujours du théâtre en général : il parle de son œuvre à lui ; il l’a sous les yeux ; il est pris pour elle de tendresses et de faiblesses de père, et son respect pour Aristote en est parfois ébranlé. Il faut remarquer, d’ailleurs. que la plupart des Préfaces et des Examens sont antérieurs aux trois Discours, que Corneille ne s’est pas enfoncé du premier coup dans la superstition aristotélicienne, que, jusqu’à la Suivante (si je ne me trompe), il a ignoré les fameuses « règles », et qu’après les avoir connues il ne les a pas tout de suite observées.

On pourrait donc distinguer, dans les sentiments et la conduite de Corneille à l’égard d’Aristote, une période d’indépendance relative (de Mélite au Cid) et une période de soumission presque absolue (du Cid à Suréna).