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Page:Lemaître - Corneille et la Poétique d’Aristote, 1888.djvu/91

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cousu ensemble, fait une comédie. » — « Voici un étrange monstre ! » dit-il encore dans sa Dédicace. Sentez-vous le ton cavalier, l’assurance, la complaisance pour sa propre fantaisie et le dédain des règles ? Tous ces premiers essais de critique donnent l’idée d’un Corneille tout jeune et piaffant, le feutre de travers et la moustache en croc, d’un poète-mousquetaire, dans le goût du plus pur Louis XIII…

Mais, au fond, des scrupules travaillent déjà ce d’Artagnan. Dans tous ses Examens, sans exception, il est préoccupé de l’unité d’action, qu’il entend au sens le plus rigoureux. A partir de la quatrième comédie, il considère comme une règle la liaison des scènes. Les atrocités inutiles dont le cinquième acte de sa Médée est rempli, il s’en excuse sur ce qu’il lui fallait, bon gré, mal gré, ses cinq actes. Dans ce même Examen de Médée, il prescrit que tous les récits soient justifiés, que les confidents soient intéressés à l’action, etc…

En même temps, certaines particularités de son esprit commencent à se révéler. — Il se montre plus ébloui que de raison par « les grandeurs de chair. » Dans l’Examen de Clitandre, il cherche en combien de façons on peut introduire les rois sur le théâtre sans offenser la dignité royale. La dissertation semble d’un chambellan plus que d’un critique. — Ses théories anti-amoureuses sur l’amour s’étalent déjà, avec une pleine ingénuité, dans les Examens de la Galerie du Palais, et de la Place Royale. Le caractère de Célidée