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Page:Lemaître - En marge des vieux livres, 1re série, 1906.djvu/242

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EN MARGE DES ÉVANGILES

faim. L’homme doit à ses parents avant de devoir à l’humanité ; mais il doit à l’humanité plus qu’à ses parents. Ces deux vérités, qui semblent parfois se contredire, sont également certaines.

« Vous disiez que Jésus menaçait la propriété. Mais c’est que la propriété n’est pas indéfiniment légitime. L’homme a droit au produit de son travail et même à l’accumulation de ce produit dans la limite où il en a besoin pour sa subsistance et, un peu, pour son aise et sa sécurité, — mais non point au delà. Cette limite indécise est pourtant une limite, et nous valons mieux à mesure que nous la déplaçons au profit d’autrui.

« On ne doit pas être propriétaire avec rigueur. Vous l’avez pressenti à partir du jour où vous avez vécu d’épis arrachés aux champs et de fruits cueillis aux arbres. Il eût été mieux de le comprendre quand vous possédiez vous-même des arbres et des champs… Vous avez encore sur le cœur, je le devine,