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Page:Lemaître - Impressions de théâtre, 10e série, 8e éd.djvu/342

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IMPRESSIONS DE THÉATRE

martyre à cause des palmes, l’aimerait même sans palmes vingt ans après ; et, parce qu’il est né généreux, tel aurait été pour lui l’enseignement de la vie. — Sous quelle forme tout ce que je viens d’indiquer nous devait être présenté au théâtre, ce n’est heureusement pas mon affaire.

Il reste que les deux tiers delà pièce de M. François de Curel tiennent du chef-d’œuvre. C’est un des plus grands efforts de Fart de nous montrer, par des moyens dramatiques, une âme riche et complexe, qui n^est point immuable, mais qui se modifie logiquement sous nos yeux mêmes, soit dans son contact avec la vie, soit dans ses rencontres avec les « questions » qui nous tourmentent nous-mêmes aux heures où nous valons quelque chose. M. de Curel a presque réussi dans cette rare entreprise. — Mais, en outre, il a su, une fois de plus, former autour de ses personnages une « atmosphère » qui leur est propre. Son premier acte sent bien la vie noble, catholique et terrienne (cf. les Fossiles) ; son deuxième acte est un beau drame d’usine et nous fait voir un bel héroïsme, très sobre, d’ouvriers et d’ingénieur. — Les personnages secondaires, les trois frères Charrier, le prêtre, le garde-chasse, l’ouvrier révolutionnaire, sont caractérisés avec une extrême justesse. — Au fond, l’idéal de M. de Curel est encore aristocratique ; il aime Boussard, comme il aimait le chirurgien de la Nouvelle Idole ; et je crois bien qu’il y a du Carlyle, et même du Nietzche