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IMPRESSIONS DE THÉATRE.

pièces de théâtre s’y fait, sous une forme fantaisiste, avec une grande indépendance de jugement et une malveillance universelle, mais sans amertume ; et, parmi les railleries volontairement injustes et les caquetages impertinents, vous y trouverez souvent de bonnes vérités qui vous soulageront. Enfin la Vie parisienne est un journal éminemment bienfaisant et consolateur. Chaque semaine, pendant une heure ou deux, elle fait vivre ses lecteurs, même les plus humbles ou les plus solitaires, de la vie la plus somptueuse et la plus brillante, de la vie deGaillac, deMontespan, de Poiseul, de La Balade, de Pourailles et de Parabère. Presque aussi bien que les romans de M. Georges Ohnet, la Vie parisienne révèle « le monde » aux déshérités qui ne le connaissent pas. Grâce à elle, Bouvard et Pécuchet peuvent se livrer en imagination à des débauches de la dernière élégance. Et comme se représenter les choses c’est en jouir, et peut-être mieux que quand on les tient ; comme, d’autre part, la Vie parisienne mêle à ses tableaux les plus osés une ironie qui les empêche d’être des tableaux proprement « corrupteurs » et dangereux aux âmes, jugez quelle reconnaissance nous devons à cette feuille frivole.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est que justement trois de ses rédacteurs ordinaires viennent de réunir en volume quelques-unes des fantaisies qu’ils y ont publiées, et que, ces fantaisies se développant souvent sous la forme du dialogue, on peut croire à la