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IMPRESSIONS DE THÉATRE.

(et ici je ne parle plus pour M. de Gramont, dont l’œuvre est honnête et dont certaines complaisances dans la description des mauvaises mœurs sont rachetées par rinvention d’une aussi noble figure que Rolande), le fait est que, depuis une quinzaine d’années, il y a eu, dans cette génération, comme une recrudescence d’une certaine espèce de tentations et d’obsessions. Je ne « rois pas qu’à aucune époque de notre histoire les aventures de ce qu’on a appelé le sixième sens aient tenu une place si énorme dans notre littérature. Il ne se passe pas de semaine où je ne reçoive des livres qui ne racontent que cela. Et ils le racontent avec des insistances telles, qu’ion se demande dans quel état une pareille concentration d’esprit sur un seul objet, et sur cet objet-là, a pu laisser les auteurs. Il est des maladies que l’on aggrave en soi et dans les autres, en les décrivant trop, en en multipliant les images. Et le pire, c’est que ces obsessions et ces « hantises » sont tout ce qu’il y a de plus propre à dissoudre en nous la volonté, alors que, plus que jamais, nous aurions besoin de vouloir.

Encore une fois, je ne dis pas cela pour Tiolande. Au contraire ! Car, si nous avions l’esprit mieux fait, nous aurions pu rapporter, l’autre soir, du Théâtre-Libre, une excellente leçon. Tous nous en connaissons, à des degrés divers d’abjection ou d’abrutissement, des barons Hulot et des comtes de Montmorin. Si chacun de nous disait ce qu’il sait ! Ce serait un