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Page:Lemaître - Impressions de théâtre, 5e série, 1894.djvu/312

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IMPRESSIONS DE THÉATRE.

et cependant caressante, de son flexible esprit à l’esprit des maîtres préférés, cela même implique je ne sais quel génie essentiellement voluptueux et féminin. Relisez son œuvre poétique : vous y verrez que lorsqu’il imite Hugo, Lecontede Lisle ou Henri Heine, c’est un peu de la façon dont Amaryllis se plie à Tityre, ou Lycoris à Varius. Celte suprême féminilité est la marque de M. Catulle Mendès. Elle explique à la fois sa prodigieuse et amoureuse adresse d’imitateur, et le personnel attrait, la grâce secrète et dangereuse qu’il garde sous des formes imitées et par laquelle, je ne sais comment, il fait ces formes vraiment siennes… S’il s’applique à un modèle, c’est comme la vigne à l’ormeau, la vigne que les poètes latins appellent « lascive ». Et ainsi l’originalité de M. Mendès est dans l’excès même de cette souplesse, dans ce qu’elle a d’enlaçant, etdans l’inlime et profonde sensualité qu’elle suppose chez le poète… La Reine Fiammette est donc bien un drame romantique ; mais c’est aussi le rêve alanguissant, triste et bizarre, du poète par excellence de l’amour physique. La forme rappelle celle de Hugo, et la plupart des personnages sont à quivous voudrez ; mais Fiammette est à M. Catulle Mendès, et à lui seul.

C’est une personne adorable, capricieuse, étourdie, voluptueuse, parfaitement irresponsable, une « petite flamme » (Fiammette), une espèce de petite courtisane innocente et exquise. Son vrai nom