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Page:Lemaître - Impressions de théâtre, 9e série, 1896.djvu/382

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IMPRESSIONS DE THÉATRE

nous avoir montré le capitaine Hurluret et la cantinière Mme Bijou.

Ce capitaine Hurluret est délicieux de bonté fruste et de charité mal embouchée. C’est Vincent de Paul eu vieille culotte de peau. Avec d’affreux jurements, des roulements d’yeux, des menaces terribles, des col’Tes de limide qui croit toujours « qu’on se paye sa tête », il accorde à ses hommes tout ce qu’ils demandent, oublie de les punir, ne veut pas voir leurs fautes, s’ingénie à les cacher ou h les réparer. Pour empêcher les illustres cavaliers Laguillaumette et Croquebol (vous avez lu, j’imagine, le— Train de 8 heures 47) d’être portés déserteurs, il renverse un encrier sur le registre des « décisions » et affirme que leur permission était de quatre jours. Deux chapardeurs ayant dérobé un « fromage de cochon » à M me Bijou, il se dit que les pauvres diables, s’ils sont dénoncés, auront leurs cinq ans de travaux publics et que, tout de même, c’est beaucoup. Et il veut rembourser la plaignante sur sa pauvre paye de capitaine ; et M me Bijou, qui fut sa bonne amie il y a vingt ans, s’attendrit ; et tous deux conviennent de « couper lapoire en deux » ; et la scène est tout simplement exquise. Fils d’un maréchal ferrant et d’une cantinière, enfant de troupe, péniblement sorti du rang, resté capitaine à cinquante ans passés, toujours ronchonnant sous ses grosses moustaches, cette vieille bête de Hurluret a, comme le lui dira son ancien camarade