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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/114

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vaniteuse d’un auteur fieffé. Il avait gardé son costume d’ermite, et avait sa barbe et sa perruque ronde « assez mal peignée », dit-il ; le roi, la reine, la famille royale, tous les plus grands seigneurs et les plus grandes dames le regardaient comme un animal curieux : quel bonheur ! «…Je me livrais pleinement, dit-il, au plaisir de savourer ma gloire… Ceux qui ont vu cette représentation doivent s’en souvenir, car l’effet en fut unique. »

Et voici le revers, — lamentable, hélas ! — Le duc d’Aumont lui fait dire de se trouver au château le lendemain, et qu’il le présenterait au roi, et qu’il s’agissait d’une pension, et que le roi voulait l’annoncer lui-même à l’auteur. Et maintenant écoutez :

Croira-t-on que la nuit qui suivit une aussi brillante journée fut une nuit d’angoisse et de perplexité pour moi ! Ma première idée, après celle de cette représentation, se porta sur un fréquent besoin de sortir, qui m’avait fait beaucoup souffrir le soir même au spectacle et qui pouvait me tourmenter le lendemain, quand je serais dans la galerie ou dans les appartements du roi, parmi tous ces grands, attendant le passage de Sa Majesté. Cette infirmité était la principale cause qui me tenait écarté des cercles et qui m’empêchait d’aller m’enfermer chez des femmes. L’idée seule de l’état où ce besoin pouvait me mettre était capable de me le donner au point de m’en trouver mal, à moins d’un esclandre auquel j’aurais préféré la mort.

Puis, il craint d’être gauche, de manquer de présence d’esprit, de laisser échapper quelque