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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/116

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Mais l’Académie de Dijon le guettait.

L’Académie de Dijon le relance, en posant cette question dans le Mercure de novembre 1753 : — Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les hommes ? Et si elle est approuvée par la loi naturelle ? »

Évidemment l’Académie de Dijon, fière de son lauréat et du bruit qu’il faisait, posait cette question pour Jean-Jacques. Au surplus les éléments de sa réponse prévue sont déjà épars dans ses répliques à Stanislas et à Bordes. Jean-Jacques répondra. Il ne peut pas ne pas répondre. C’est fini, il est prisonnier de son rôle.

L’Académie de Dijon était composée, j’imagine, de fort braves gens, et très conservateurs, encore que touchés, peut-être, de l’esprit du temps ; de riches bourgeois, de magistrats, d’anciens officiers, de vertueux ecclésiastiques[1]. Et ce sont ces braves gens qui, ressaisissant Jean-Jacques, le contraignent, pour ainsi dire, à écrire le plus outré et le plus révolutionnaire de ses ouvrages et le plus gros, avec le Contrat Social, de conséquences lointaines et funestes !…

A moins qu’il n’y ait eu, dans cette benoîte Académie de Dijon, quelque homme particulièrement pervers, et que nous ne connaîtrons jamais.

  1. Buffon et Piron étaient membres de cette Académie, mais n’assistaient presque jamais aux séances.