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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/127

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conclusion remarquable de lourdeur et, à un moment, d’obscurité :

Il suit de cet exposé que l’inégalité, étant presque nulle dans l’état de nature, tire sa force et son accroissement du développement de nos facultés et des progrès de l’esprit humain, et devient enfin stable et légitime par l’établissement de la propriété et des lois. Il suit encore que l’inégalité morale autorisée par le seul droit positif est contraire au droit naturel toutes les fois qu’elle ne concourt pas en même proportion avec l’inégalité physique, cela veut dire, je pense : toutes les fois qu’un individu puissant socialement se trouve être faible d’esprit ou de corps ; distinction qui détermine suffisamment ce qu’on doit penser à cet égard de la sorte d’inégalité qui règne parmi les peuples policés, puisqu’il est manifestement contre la loi de nature, de quelque manière qu’on la définisse, qu’un enfant commande à un vieillard, qu’un imbécile conduise un homme sage, et qu’une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire.

Sur quoi l’on pourrait dire : — L’hérédité, dont vous citez un inconvénient possible, et l’inégalité des biens peuvent être contre la justice ou la raison, non contre la nature. Tantôt vous opposez la nature à la raison ; tantôt vous les identifiez. Alors on ne comprend plus.

Le Discours sur l’inégalité a cent dix bonnes pages. Je vous l’ai analysé fidèlement, et en me servant autant que possible des phrases mêmes de